Siguiri, les stigmates des violences électorales sont encore là…
Quelques jours après la proclamation des résultats définitifs, je suis rentré à Siguiri. La ville était partagée entre la joie de la victoire du candidat dont elle a été militante inconditionnelle depuis le début du combat politique par le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) du Pr. Alpha Condé et les contraintes de l’Etat d’urgence décrété quelques jours plutôt pour éviter les violences post-électorales. Mais bien avant le deuxième tour de la présidentielle, les violences ont pourtant été signalées dans plusieurs villes du pays dont Siguiri où le commerce de plusieurs militants de l’Union des Forces Républicaines (UFDG) de Cellou Dalein Diallo a été pillé. Pour avoir plus d’information sur cet incident regrettable, j’ai causé avec quelques témoins des faits qui m’ont expliqué comment ils ont sauvé certaines boutiques du pillage.
A côté de cette boutique vidée de tout son contenu, il y avait plusieurs autres qui sont restées intact. Les portes étaient cadenassées car les propriétaires avaient fuit Siguiri pour aller se réfugier ailleurs. Mamady et ses amis qui ont impuissamment assisté à la scène sont aussi commerçants dans le grand marché. Ils expriment leur regret et expliquent comment cette boutique n’a pas été épargnée alors qu’elle est contiguë à plusieurs autres qui n’ont pas été touchées. Mamady soutient qu’il y avait des groupes de jeunes qui sont sortis pour sauver des biens. Il poursuit : « quand les gens ont commencé à s’attaquer aux biens des autres, nous nous avons compris qu’il faut faire quelque chose. Donc, nous avons cherché des stylos-feutres pour écrire le cycle du RPG sur les portes des boutiques ciblées et cela a bien marché. Quand les gens voyaient la photo de l’alliance arc-en-ciel, celle du Pr. Alpha Condé ou encore RPG sur une porte, cette boutique était sauvée… Nous l’avons fait alors que nous sommes des militants du RPG. Mais, il est difficile de comprendre ça aujourd’hui. Chacun dira ce qu’il pense de ce qui s’est passé à Siguiri… ».
Abou, quant à lui, rappelle que ce n’est pas la première fois que les violences politiques s’éclatent à Siguiri ce qui, pour lui, n’est pas un sentiment anti-peul car « les années 90 ont été particulière chaudes à Siguiri. Les Siguirika n’ont pas épargné leurs propres frères qui étaient dans le PUP de Lansana Conté. Des pères de familles qui soutenaient le PUP ont été bastonnés devant leur femme. Ça, c’était entre les fils de Siguiri. Alors si les mêmes personnes se retournent contre d’autres personnes, je pense que cela ne signifie pas qu’ils n’aiment pas les Peuls qui vivent parmi eux depuis des années mais par ce qu’ici, le RPG signifie autre chose dont j’ignore vraiment… »
Selon Mamoudou qui ne partage pas ce point de vue, les militants du RPG se sont toujours abstenus de répondre aux provocations de ceux de l’UFDG. Je vais vous donner un exemple dit-il : « Le jour où Alpha Condé est venu ici pour la campagne, les militants de l’UFDG ont ouvert leurs boutiques et ils ont refusé d’ouvrir les boulangeries le matin. Dans tout Siguiri, il n’y avait pas de pain. Ils ont ouvertement dit qu’ils vont nous montrer que sans eux nous ne pouvons rien faire de nous même. Cela a beaucoup choqué les gens car tel n’a pas été le cas à l’arrivée de Cellou. C’est tout le monde qui l’a accueilli. Nous étions dans cette situation de méfiance. Quand les militants de l’UFDG ont empoissonnés ceux du RPG à Conakry, les gens ont donc commencé à se venger… Nous sommes tous guinéens et chacun est libre de militer dans le parti de son choix mais il ne faut pas provoquer les autres … ».
Toutes ces violences qui se sont d’ailleurs reproduites après la proclamations des résultats provisoires mais cette fois-ci au Fouta et à Conakry après celles qui ont lieu en Haute Guinée et en Foêt, prouvent que seules Justice et Réconciliation nous redonneront le sentiment de vivre ensemble pour construire un avenir radieux.
0 Comments
Poster un nouveau commentaire