"Il faut que les gros groupes soient plus taxés que les petites entreprises"
MédiasProd a deux ans d’existence. Stéphane Peyré est à la tête de cette TPE – comprendre très petite entreprise – qui ne compte que trois salariés. "Et cinq personnes qui travaillent en free-lance pour nous", s’empresse d’ajouter le jeune quadra, pas peu fier de sa petite entreprise qui tourne rond malgré la crise. Le patron suit avec attention la campagne présidentielle, même s’il avoue être quelque peu désabusé par les politiques. "Si 2007 était un vote d’adhésion, j’ai l’impression que 2012 sera l’année du vote par défaut", commente-t-il.
2012, année de l’élection présidentielle en France. Et 2012, année de la crise. Stéphane Peyré dénonce les effets psychologiques de la crise. "Les gens ont peur d’investir et l’incidence est catastrophique sur le business, sur l’économie et donc sur l’emploi", explique-t-il. Et le patron de déplorer que l’on soit passé "d’un capitalisme d’entrepreneurs, de gens qui maîtrisaient leur activité, à un capitalisme financier". "Mon sentiment est que les politiques n’y peuvent pas grand-chose ou en tout cas ne s’en donnent pas les moyens", ajoute-t-il.
Une des solutions pour faire croître les TPE et les PME ? "Moduler l’impôt sur les sociétés en fonction de leur taille et de leur chiffre d’affaires", répond sans hésiter Stéphane Peyré. Qui ajoute : "Il est temps de remettre de l’ordre dans la fiscalité."
Les difficultés rencontrées par un entrepreneur ne sont pas toujours là où on les attend. Si la fiscalité et la crise ont une incidence directe sur l’entreprise, l’imbroglio administratif n’est pas toujours facile à surmonter. "Nous avons par exemple un besoin d’accompagnement plus clair à Pôle Emploi, explique le patron de MédiasProd. Il y a beaucoup trop d’interlocuteurs, trop de démarches, et ils paraissent dépassés…" Autre problème : s’y retrouver dans la forêt d’aides gouvernementales. Trouver la mieux adaptée peut parfois s’apparenter au parcours du combattant…
En ces temps de crise, le "made in France" est devenu le thème de campagne favori des candidats. Il faut fabriquer et consommer français, nous disent-ils. Et la TVA sociale, aussi surnommée TVA anti-délocalisation, est brandie, notamment par Nicolas Sarkozy, comme l’un des outils pour favoriser l’emploi en France. "C’est peut-être l’un des leviers pour relancer l’activité dans notre vieux pays", admet bien volontiers Stéphane Peyré. Et le patron de conclure : "Du concret, c'est ce qu'il nous manque. Il est temps que les politiques arrêtent de se battre sur des idées théoriques et qu'ils reviennent au plus près de nos préoccupations car c'est aussi comme cela qu'ils recréeront du lien avec les citoyens-entrepreneurs que nous sommes."
La TVA sociale est la partie de la taxe sur la valeur ajoutée qui doit servir à financer la Sécurité sociale. Traduction : on augmente la TVA d'un ou plusieurs points pour financer, par exemple, les allocations familiales ou encore le remboursement des soins. Le surplus dégagé vient compenser les allègements de cotisations patronales mis en place dans le même temps pour réduire le coût du travail.
L'objectif affiché est de relancer l'activité industrielle et laisser plus de moyens aux entreprises pour embaucher, innover et garder leurs usines en France.
Nicolas Sarkozy souhaite faire adopter la TVA sociale dans les prochaines semaines. Mais la gauche s'y oppose fermement et la commission des Finances de l'Assemblée nationale a rejeté, lundi 13 février, ce projet gouvernemental. Une surprise due au fait que les députés UMP ne se sont pas mobilisés lors de cette séance et que les députés socialistes se sont donc retrouvés plus nombreux qu'eux. L’Assemblée doit se prononcer par un vote solennel le 21 février.
Retrouvez tous les billets de "Si j'étais président..." en cliquant ici.
Crédit photo : Julie Kara
3 Comments
Poster un nouveau commentaire